Pourquoi chaque seconde compte lors d’un incendie domestique
Un incendie domestique peut éclater en quelques secondes. Une friteuse laissée sans surveillance, une prise surchargée, un mégot mal éteint… et c’est toute une habitation qui peut partir en fumée. Chaque année en France, on estime à environ 250 000 le nombre d’incendies domestiques. Ce chiffre seul suffit à rappeler l’importance d’une bonne préparation.
Réagir vite, c’est bien. Réagir correctement, c’est vital. Dans cet article, issu de mon expérience de terrain en tant qu’ancien sapeur-pompier professionnel, je vous partage les réflexes indispensables à adopter pour protéger votre vie et celle de vos proches lors d’un départ de feu chez vous.
Préparer avant pour mieux réagir pendant
Un bon réflexe commence avant-même que le feu ne se déclare. La préparation est votre meilleur allié. Voici quelques actions simples et efficaces à mettre en place dès aujourd’hui :
- Équipez votre habitation de détecteurs de fumée : obligatoires depuis 2015, ils sauvent des vies. Vérifiez leur bon fonctionnement tous les mois.
- Ayez un extincteur à portée de main : idéalement un modèle à poudre ou à mousse ABC, capable de traiter plusieurs types de feux.
- Repérez les issues de secours : en pleine fumée, trouver la sortie peut devenir un vrai défi. Familiarisez-vous régulièrement avec les possibilités d’évacuation.
- Élaborez un plan d’évacuation familial : chaque membre doit connaître le point de rassemblement à l’extérieur et l’itinéraire à suivre.
- Gardez votre téléphone chargé et accessible : appeler rapidement les secours peut faire toute la différence.
Un incendie n’attend pas que vous soyez prêt. Il faut donc l’être en permanence.
Identifier les signes d’un départ de feu
La détection précoce est essentielle. Vous devez connaître les premiers signes qui doivent vous alerter :
- Odeur de brûlé persistante (plastique, bois, caoutchouc).
- Présence inhabituelle de fumée, même fine.
- Fusibles qui sautent ou lumière vacillante.
- Surfaces chaudes au toucher anormalement (mur, appareil électroménager).
Trop de gens hésitent, doutent, attendent… et les minutes s’écoulent. Dès le moindre doute, vérifiez, agissez ou sortez. C’est toujours mieux que de ne rien faire.
Évacuer : la règle d’or en cas d’incendie domestique
On a souvent envie de jouer les héros, de sauver des objets ou de tenter d’éteindre le feu soi-même. Mauvais réflexe. Si l’incendie prend de l’ampleur : évacuez immédiatement.
Voici la procédure recommandée :
- Ne cherchez pas à localiser l’origine si vous n’êtes pas sûr de pouvoir contenir le feu.
- Prévenez les autres occupants aussi vite que possible.
- Cramponnez-vous au sol : la fumée monte. En rampant, vous respirez un air plus sain.
- N’utilisez pas l’ascenseur si vous vivez en immeuble.
- Touchez la porte avec le dos de la main avant toute ouverture. Si elle est chaude, n’ouvrez pas. Le feu est peut-être juste derrière.
- Fermez les portes derrière vous pour ralentir la propagation du feu.
Certains sinistres donnent à peine 3 minutes pour évacuer avant que la pièce ne soit envahie de fumée toxique. N’attendez pas l’embrasement pour bouger.
Rester coincé : que faire ?
Imaginons le pire : les flammes bloquent l’issue. Vous êtes piégé. Ce n’est pas forcément une condamnation. Il existe des réflexes pour tenir jusqu’à l’arrivée des secours :
- Fermez la porte de la pièce où vous vous trouvez et calfeutrez-la avec des vêtements humides ou des serviettes pour limiter les entrées de fumée.
- Signalez votre présence : par la fenêtre (torchon, lampe, portable), ou en appelant le 18 ou 112 pour indiquer votre localisation exacte dans le bâtiment.
- Respirez près du sol, l’air y est encore (relativement) propre quelques minutes en plus.
Une fois isolé, ne bougez plus tant que les secours ne vous ont pas localisé. Le réflexe le plus sûr est d’attendre dans un lieu le plus étanche possible face à la fumée.
Quand et comment tenter d’éteindre un début d’incendie
Dans certains cas limités, intervenir sur un feu naissant peut être possible. Mais pas à n’importe quel prix.
Voici les critères réunis pour envisager une tentative d’extinction :
- Vous l’avez vu naître et il est localisé (ex : casserole sur le feu, départ dans une poubelle).
- Vous connaissez le bon moyen d’intervention selon le type de feu (ne JAMAIS jeter d’eau sur de l’huile en feu, par exemple).
- Vous avez un extincteur adapté et fonctionnel sous la main.
- Vous avez un chemin de fuite clair si cela tourne mal.
Un cas concret vécu : une personne a tenté d’éteindre une friteuse en feu avec un verre d’eau. Résultat : projection de flammes au plafond, brûlures graves. Généralement, une casserole s’enflamme ? Couvercle dessus, feu coupé. Et on appelle les secours.
Après l’incendie : les réflexes à ne pas oublier
Une fois sain et sauf, ce n’est pas la fin de l’histoire. Certains réflexes post-incident sont importants :
- Ne rentrez pas dans un logement qui sent encore la fumée ou dont l’électricité n’a pas été vérifiée.
- Appelez votre assurance immédiatement pour lancer la procédure de déclaration.
- Consultez un médecin même si vous n’avez que peu inspiré de fumée. Certains signes peuvent apparaître à retardement.
- Faites un point en famille sur ce qui a fonctionné ou non dans vos réactions, pour ajuster votre futur plan d’évacuation.
L’incendie doit toujours servir de leçon. Même si vous en sortez indemne, tirez-en des améliorations.
Le mot du pompier
Sur le terrain, j’ai trop souvent vu des drames évitables : une famille qui croyait qu’elle aurait le temps, un étage qu’on pensait pouvoir traverser, un extincteur périmé… Même les professionnels de l’urgence ne gagnent pas à tous les coups contre le feu. Le meilleur moyen de limiter les pertes, c’est d’agir avec méthode et sang-froid.
Votre maison ne vaut pas une vie. Vos objets non plus. Le premier réflexe à graver dans votre esprit est simple : sortir et appeler les secours. L’entraînement mental prévaut. Relisez ces gestes, intégrez-les en famille, testez-les régulièrement. En situation réelle, votre cerveau n’aura pas le temps de réfléchir.
Et rappelez-vous : un bon pompier est celui qui n’a pas eu besoin d’intervenir… parce que vous aviez les bons réflexes.