Pourquoi avoir des outils de survie chez soi ?
Les situations d’urgence ne préviennent pas. Coupure de courant prolongée, catastrophe naturelle, incendie, confinement… En tant qu’ancien pompier professionnel, j’ai vu trop de foyers mal préparés à réagir dans l’urgence. Pourtant, avec un minimum d’anticipation, on peut s’équiper efficacement pour faire face aux premières heures, voire aux premiers jours, d’une situation de crise.
Avoir des outils de survie à la maison, ce n’est ni excessif ni paranoïaque. C’est du bon sens, une marque de responsabilité. Ce n’est pas se préparer à la fin du monde, c’est savoir faire face à l’imprévu avec calme et efficacité.
Les bases à avoir pour garantir sa sécurité
Tout commence avec l’essentiel. Voici les outils que je recommande à toute personne souhaitant sécuriser son domicile en cas de problème majeur. Ce matériel vise à couvrir les besoins fondamentaux : respirer, boire, manger, s’éclairer et se protéger.
- Lampe torche robuste (+ piles de rechange) : Préférez une lampe LED avec une longue autonomie. Une version dynamo ou rechargeable par USB solaire est un gros plus.
- Radio portable à manivelle ou solaire : En cas de coupure réseau, c’est souvent le seul moyen de rester informé. Recherchez une radio qui capte au minimum les bandes AM/FM.
- Réserve d’eau potable : 6 litres par personne pour 3 jours, c’est un bon minimum. À compléter avec des pastilles de purification (type Micropur) ou un filtre portable (comme le Sawyer Mini).
- Rations alimentaires de secours : Des conserves longue durée, des barres énergétiques et des plats lyophilisés. Pensez à varier les apports nutritionnels. Et testez-les avant ! Rien de plus démoralisant que de manger un truc immangeable en plein stress.
- Extincteur multi-usage (AB ou ABC) : Même en-dehors d’une crise, c’est indispensable. Assurez-vous qu’il est contrôlé régulièrement et facilement accessible.
- Masques FFP2 ou FFP3 : Poussières, fumées, particules fines. En cas d’incendie ou de pollution, ils protègent vos voies respiratoires.
Il ne s’agit pas d’entasser ces objets dans un coin « au cas où », mais de les organiser clairement dans un kit accessible. Idéalement, ce matériel doit être stocké dans un endroit connu de tous les occupants du logement, à l’abri de l’humidité et des rongeurs.
Gérer l’éclairage : ne pas rester dans le noir
Le noir complet, c’est désorientant. Et potentiellement dangereux. Dans certains secteurs, une coupure de courant peut durer plusieurs jours. Cela m’est arrivé en montagne après une tempête : plus d’électricité pendant 72 heures. Seuls ceux qui avaient prévu de quoi s’éclairer pouvaient cuisiner, se déplacer la nuit, ou simplement rassurer les enfants.
Voici ce que je recommande :
- Lampes frontales : Incontournables. Elles laissent les mains libres, ce qui est appréciable en cas de réparation ou de déplacement dans des escaliers.
- Lanterne LED rechargeable : Pratique pour éclairer une pièce entière.
- Bougies chauffe-plat et allumettes étanches : En complément. Attention aux risques d’incendie : pensez aux bougeoirs stables et à dégager l’espace autour.
Un petit conseil : testez régulièrement vos systèmes d’éclairage. Rien de pire que de découvrir des piles mortes au mauvais moment.
Communication et informations : rester connecté
En situation de crise, rester informé fait toute la différence. Cela vous permet de prendre des décisions basées sur des faits, pas sur des rumeurs. Lors de l’évacuation d’un quartier suite à une fuite de gaz, seuls ceux ayant une radio d’urgence ont su que l’accès à l’école était interdit. Les autres… ont dû faire demi-tour à pied, avec des enfants en panique.
- Radio d’urgence (FM, AM, NOAA) : De préférence à manivelle et solaire.
- Chargeur solaire ou power bank haute capacité : Pour recharger un téléphone, une lampe ou une radio.
- Liste imprimée des numéros d’urgence : Police, pompiers, SAMU, mais aussi contacts familiaux hors zone (si les portables ne passent plus).
Gardez à l’esprit que les réseaux téléphoniques peuvent saturer ou tomber en rade. Le système D redevient vital.
Premiers secours : pouvoir agir en attendant l’aide
Lorsqu’un accident survient, les premières minutes sont cruciales. J’insiste toujours là-dessus dans les formations PSC1 que je mène aujourd’hui. Entre l’alerte et l’arrivée des secours, vous êtes le premier maillon de la chaîne de survie. Se former, c’est bien. Avoir le matériel adapté, c’est indispensable.
- Trousse de secours complète : Pansements, compresses, bandes, antiseptique, gants nitrile, pince à échardes, petite paire de ciseaux, thermomètre, couverture de survie, etc.
- Médicaments de base : Paracétamol, antihistaminique, antidiarrhéique, anti-inflammatoire. Pensez à vos traitements spécifiques en cours (asthme, diabète…).
- Guide papier de premiers secours : En situation de stress, on oublie vite les gestes appris.
Une anecdote vécue : un soir d’orage, un voisin se coupe profondément en nettoyant une vitre cassée. Pas d’eau, pas de trousse, pas de lumière… Attente de 25 minutes avant l’arrivée des pompiers. Ce soir-là, c’est notre trousse de maison qui a fait la différence.
Matériel de défense et d’auto-protection
En situation dégradée, le sentiment de sécurité peut rapidement s’effriter. Vols opportunistes, tentatives d’intrusion, agressivité… sans sombrer dans la paranoïa, il est prudent de pouvoir défendre son espace et ses proches de manière légale et proportionnée.
- Alarme autonome à détection de mouvement : Simple, à poser près des portes ou fenêtres. Elle dissuade et donne l’alerte.
- Bâton télescopique ou bombe lacrymogène homologuée : À manier avec discernement. Formez-vous à leur emploi, et conservez-les hors de portée des enfants.
- Porte renforcée ou barre de verrouillage : Mieux vaut empêcher l’accès plutôt que devoir se défendre physiquement.
Un conseil de pompier : dans les situations tendues, l’attitude calme mais ferme, la lumière allumée et votre niveau de préparation sont souvent vos meilleures protections. L’improvisation, elle, n’a jamais rendu service.
Outils polyvalents et équipements pratiques
Outre les kits d’urgence, quelques outils peuvent grandement vous faciliter la vie en cas de situation de crise à domicile.
- Multitool (de type Leatherman) : Ouvre-boîtes, tournevis, pince, lame… un vrai couteau suisse au quotidien comme en situation de crise.
- Couteau fixe robuste : Pour les manipulations plus lourdes (couper du bois, bricoler…). Stockez-le en sécurité.
- Bâche étanche et cordelettes : Pour isoler une zone, recueillir de l’eau de pluie ou faire un abri temporaire.
- Scotch américain (duct tape) : Réparation express tous usages. Un classique.
Une fois encore, testez votre matériel avant une crise. Rien ne vaut l’expérience. Montez une bâche dans votre jardin, tentez d’ouvrir une conserve à la main… Votre kit ne doit pas seulement exister : vous devez savoir l’utiliser.
Former sa famille : le facteur humain reste prioritaire
Posséder les bons outils, c’est bien. Mais cela ne remplace pas la formation et la préparation psychologique. Prenez le temps d’expliquer à vos proches comment fonctionne chaque outil, où il est stocké, et quand l’utiliser. Faites des exercices d’évacuation. Simulez une coupure de courant le temps d’un week-end. Impliquez les enfants : cela les rassure et les rend acteurs plutôt que victimes.
Rappelez-vous : en intervention, j’ai souvent vu des familles paniquées face à une situation pourtant prévisible. Ce n’est pas l’équipement qui leur manquait, c’est l’organisation. Un bon équipement ne remplace jamais l’humain formé et prêt.
Derniers rappels avant de constituer votre kit
- Adaptez votre équipement : Une famille de 5 personnes en maison de campagne n’aura pas les mêmes besoins qu’un couple en appartement en centre-ville.
- Mettez à jour régulièrement : Vérifiez les dates de péremption, testez les piles, remplacez les produits usagés.
- Rangez intelligemment : Ne dispersez pas tout. Ayez un « kit principal » facile à attraper si vous devez évacuer rapidement.
Prévoir, ce n’est pas céder à la peur. C’est être acteur de sa sécurité. Car quand l’imprévu frappe, ce n’est pas le moment d’improviser. C’est le moment d’agir. Et ça, ça se prépare.
Restez vigilants, restez prêts. Et surtout, restez calmes.
— Vincent Lefrançois